Inauguration maison de retraite Lucie Aubrac

Madame la directrice de la DDASS, représentante de Madame la préfète, Messieurs les Conseillers généraux représentant le Président du Conseil général, Mesdames et Messieurs les Maires, les adjoints et conseillers, Monsieur Raymond Aubrac, Monsieur Jean Pierre Aubrac, Mesdames et Messieurs les résidents, Mesdames et Messieurs des familles, amis et visiteurs, Mesdames et Messieurs les membres du personnel,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui pour un évènement, somme toute, assez original qui consiste à attribuer un nom à un établissement qui existe déjà depuis plus de 100 ans. D’après mes informations, la réflexion s’était déjà engagée à plusieurs reprises mais sans jamais aboutir. Les propositions qui ont été formulées au fil du temps, ne sortaient pas de formules à la neutralité bucolique passe-partout du style : « les jonquilles », « le rayon de soleil », « mon repos » etc… Avec la réforme de 1999, ont a même du adjoindre l’appellation peu poétique d’EHPAD qui est l’expression administrative attestant que la maison appartient désormais à la catégorie des établissements ayant réalisé grâce à « Angélique » leur révolution qualitative leur permettant d’héberger de manière satisfaisante les personnes âgées dépendantes.

Mais vous qui êtes venus cette après-midi et qui la plupart connaissez cette maison, vous savez la maison de retraite de Salornay est un établissement qui a du caractère dans sa manière d’exister. Vous savez que nous nous attachons à en faire un lieu de vie et d’humanité et il fallait une personnalité forte pour l’incarner. Originaire de Salornay par son père, célèbre par l’engagement volontaire de sa vie, et reposant depuis un an au cimetière de Salornay, Lucie Aubrac correspondait à cette personnalité recherchée et je vais essayer de vous en donner les raisons plus précises :

En fait, il existe chez Lucie Aubrac trois éléments importants qui justifient ce choix de d’attacher son nom à celui de la maison de retraite de Salornay.

Le premier élément, est le fait que Lucie Aubrac est une femme. Je ne le dis pas pour valoriser plus un sexe par rapport à l’autre mais pour en souligner les aspects spécifiques et n’en déplaise à mes congénères masculins, nous devons reconnaître que les femmes sont présentes dans des proportions très largement majoritaire dans les maisons de retraite qu’elles soient résidentes ou membres du personnel. Cette image symbolique d’une femme représentant la maison de retraite dans son appellation est donc un premier argument très naturel

Mais si notre choix s’est porté sur Lucie Aubrac, c’est qu’il ne s’agit pas d’une femme ordinaire. Même si j’ai eu l’occasion de la rencontrer lors de conférences, je n’ai aucunement la qualité de biographe et son époux qui nous a fait l’honneur de venir et un certains nombre d’entre vous ici présents seraient beaucoup mieux placé que moi pour évoquer la vie de Lucie Aubrac. Je souhaiterais plutôt évoquer ce que le témoignage de sa vie a pu apporter et expliquer pourquoi ce témoignage est important pour la maison de retraite. Il est toujours difficile de comprendre exactement dans un monde qui change très vite la complexité de ce qui a pu se vivre il y a 60 ans, mais il faut reconnaître que le fait de résister a nécessité du courage et de la perspicacité. Et le deuxième élément important que je voulais évoquer, c’est cette notion de résistance. De quelle résistance s’agit-il ? Certes, la résistance à l’ennemi envahisseur mais aussi surtout à un monde qui ne respecte pas la dignité et la liberté des hommes. Cet esprit de résistance là est valable encore aujourd’hui. Cet esprit de résistance, c’est celui qui nous habite chaque jour ici pour permettre aux personnes qui sont accueillies, quelque soit leur difficultés, de reconnaître en elles une personne humaine digne de respect et de liberté. Je formule le vœu que cette forme de parrainage nous incite à lutter contre la résignation ou la facilité dans notre travail quotidien auprès des personnes qui ne peuvent que nous accorder leur confiance.

Le troisième élément qui me semble avoir un lien fort avec la maison de retraite, c’est la « mémoire ». S’il est un lieu ou se trouve un concentré de « mémoires » (au pluriel) c’est bien dans un établissement pour personnes âgées. Que d’expériences de vies ! Bien sûr cette mémoire peut flancher parfois comme le dit la chanson, mais çà ne l’empêche pas d’exister quelque part et de resurgir à telle ou telle occasion. L’intérêt de la mémoire ce n’est pas la nostalgie du passé, cette idée d’ailleurs fausse que tout était mieux autrefois. L’intérêt principal de la mémoire c’est d’exister à partir d’une histoire qui est propre à chacun. Pour nous la question existentielle permanente dans l’accompagnement des personnes accueillies repose dans ces trois formules : « d’où je viens, où je vais et comment je vis avec çà ». Il faut donc connaître son histoire, ressentir une mémoire pour réaliser sa vie. Mémoire et Histoire ne sont-ils pas deux mots également très attachés à la personnalité de Lucie Aubrac. Agrégée d’Histoire, elle a consacré l’essentiel de sa vie à la transmission de la mémoire. Son engagement en particulier auprès des plus jeunes a permis l’accomplissement de ce devoir de mémoire. De même dans notre établissement, nous avons décidé de travailler étroitement avec les résidents et leurs familles sur la transmission de la mémoire. Nous travaillons en particulier sur un thème tout simple mais très emblématique de la transmission entre femmes d’une génération à l’autre que sont les recettes de cuisine. On raconte que durant la guerre, certaines femmes prisonnières souhaitaient laisser un message écrit pouvant éventuellement parvenir à leur descendance. Après de gros efforts pour se procurer un peu de papier et une pointe de crayon, elles décidèrent de noter quelques recettes de cuisine. Aujourd’hui en temps de paix et en toute liberté, Françoise Dejou, l’animatrice propose aux résidentes qui le souhaitent, de rassembler les souvenirs de la cuisine et de recettes héritées des générations précédentes. Les récits sont notés et les recettes cuisinées par les résidents concernés et ensuite dégustées. C’est aussi une façon de nous associer à l’action engagée sur les femmes par les archives départementales et le Conseil Général de Saône et Loire. Je profite de cette occasion pour remercier vivement Mme Vernus et Mme Cécile Mariotte qui travaillent aux archives départementales pour le prêt de l’exposition sur les femmes dans la résistance que vous pourrez voir dans le hall d’entrée de l’établissement jusqu’à lundi prochain et remercier aussi Mme Simone Mariotte présidente de l’ANACR pour sa présence parmi nous.

Avant d’effectuer cette visite j’invite Madame Lagrasta, représentante de l’état et Mr Fonteray, représentant le Conseil Général, et Monsieur Aubrac que je remercie pour leur présence, de bien vouloir dévoiler le nouveau nom de l’établissement tel qu’il apparaîtra désormais sur la signalétique.

Je vous remercie tous d’être venu partager ce moment.

Soyez le premier à commenter sur "Inauguration maison de retraite Lucie Aubrac"

Rédiger un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulgué


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.